14 janvier 2022

Article paru dans le Journal La Côte - Bière : vents contraires sur les éoliennes

Bière: vents contraires sur les éoliennes

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Un citoyen a demandé l'ouverture d'une enquête administrative à la préfecture. En cause: la convention signée il y a dix ans entre la Municipalité et les porteurs du projet éolien qui prévoit l'installation de trois à sept mâts dans la commune.

Caroline Gebhard

13 janv. 2022, 16:18

«Si le Conseil communal était au courant et que personne n'a bronché sur le moment, c'est un processus démocratique», commente Patrick Badan, président de l'association Pieduvent, qui lutte pour préserver le pied du Jura de l'implantation d'éoliennes industrielles. 

Le souci, c'est qu'il n'a pas la preuve, aujourd'hui, que l'organe délibérant birolan a bien été informé par la Municipalité de l'époque de la signature d'une convention entre la commune, la Société électrique des forces de l'Aubonne (SEFA) et la société Sol-E Suisse portant sur la réalisation d'un parc éolien à Bière.

Ce document remonte à plusieurs années déjà, lorsque l'idée de développer des turbines pour exploiter l'énergie cinétique du vent sur le territoire birolan s'est fait jour. Avant de pousser plus loin, la SEFA a voulu s'assurer que l'exécutif soit disposé à défendre cette implantation devant son organe délibérant. «C'est une lettre d'intention, résume le directeur de la SEFA Laurent Balsiger. Si la Municipalité n'est pas favorable à un tel projet, elle ne le présentera pas à son Conseil communal et cela ne servira à rien de dépenser de l'argent dans des études.»

Demande d'enquête administrative

Dont acte. En octobre 2011, la commune, représentée notamment par son ancien syndic, paraphait ladite convention avec la SEFA. Celle-ci prévoyait notamment qu'en cas de réalisation, la commune toucherait 3% du chiffre d’affaires du parc par année. Quatre mois plus tôt, une présentation du projet de parc avait eu lieu devant l'organe délibérant.

Une décennie plus tard, ce document refait surface et échauffe les esprits. Tant et si bien qu'un habitant de la région a demandé à la préfecture d'ouvrir une enquête administrative en fin d'année dernière. Selon «24heures», il reproche à la Municipalité de s'être engagée à soutenir ce projet sans en aviser l'organe délibérant ni la population.

«Rien de secret» et «pas contraignante»

Le président de Pieduvent confirme que cet opposant, qui a agi à titre individuel, est membre de son association. Tout comme lui, Patrick Badan explique n'avoir jamais eu connaissance, jusque-là, de l'existence de cette convention. 

L'actuel syndic birolan Michel Dénéréaz souligne pourtant que celle-ci est consultable sur demande depuis dix ans auprès du greffe et qu'il y a eu des interventions y relatives devant le Conseil communal, ces dernières années. Il assure également qu'elle ne contient «strictement rien de secret» et qu'elle n'est «absolument pas contraignante»: «C'est davantage un engagement sur l'honneur.» 

Du vent, il y en a. Tous ceux qui ont fait de l'armée à Bière le savent!

LAURENT BALSIGER DIRECTEUR DE LA SEFA 

«On est droit dans nos bottes. On a été transparents», poursuit le chef de l'exécutif, tout en reconnaissant que ce parc serait intéressant à plus d'un titre pour Bière. D'une part parce que les éoliennes s'inscrivent dans la transition énergétique. «On doit proposer autre chose que du mazout et du gaz», insiste Michel Dénéréaz. «Et tant qu'à faire, ça rapporte un peu d'argent.»

«On n'a jamais caché qu'on avait un projet à Bière», rappelle pour sa part Laurent Balsiger. Après avoir recueilli des données durant dix ans dans un champ entre Bière et Ballens, la SEFA a démonté son mât de mesure l'été dernier. «Du vent, il y en a, résume le directeur de la SEFA. Tous ceux qui ont fait de l'armée à Bière le savent! On est au-delà des limites fixées par le canton.»

De trois à sept machines

Prochaine étape programmée, les études d'impact sur l'environnement seront lancées cette année. C'est qu'il reste bien du chemin avant de voir, un jour peut-être, des turbines s'élever dans le coin. A l'heure actuelle, on ne connaît d'ailleurs pas leur nombre: la version initiale en prévoit sept mais la SEFA travaille en parallèle sur des variantes à trois ou à cinq machines.

Quoi qu'il en soit, Laurent Balsiger est convaincu que ce projet fait sens. «Selon les mesures, deux tiers de l'énergie sont produits en hiver, or c'est vraiment ce qu'il nous manque. Par ailleurs, nous ne fabriquons que la moitié de l'énergie que nous consommons dans cette région.»

L'éolien, c'est quelque chose qui n'a pas sa place en Suisse.

PATRICK BADAN PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION PIEDUVENT

Pour Patrick Badan, c'est tout le contraire. «L'éolien, c'est quelque chose qui n'a pas sa place en Suisse, martèle-t-il. La production ne vaut pas tout ce que l'on détruit autour. Les promoteurs sont les seuls gagnants, pas la population.»

Le président de Pieduvent est bien décidé à tout faire pour éviter de voir ces machines s'élever un jour à Bière, s'inquiétant tout à tour de leur impact visuel, de la dévalorisation des biens immobiliers, des nuisances sonores et infrasonores, ainsi que des «dégâts relationnels» dans une région déchirée entre les pro et les antiéoliennes.

Mais il est bien conscient que tout le monde ne partage pas ses craintes. «Je pense que si on avait une votation aujourd'hui sur le sujet à Bière, on perdrait. Beaucoup de gens minimisent l'impact des éoliennes. Mais une fois qu'elles seront là, ce sera trop tard...»

LES ESSERTINOIS SE PRONONCERONT SUR «LEUR» PARC ÉOLIEN
Lancé en 2009, le projet de parc éolien d’Essertines-sur-Rolle continue à aller de l’avant même si, dans le meilleur des cas, on ne verra pas pousser des éoliennes sur les hauts de la commune avant plusieurs années.
Fin 2021, la société EssairVent - dont les actionnaires sont la commune, les Services industriels de Genève et Vento ludens – a souhaité communiquer sur l’avancée du projet en envoyant à toute la population un document que l’on trouve également sur son site. On y évoque, à ce stade, un parc de quatre éoliennes d’une hauteur totale de 230 mètres et avec des rotors de 138 mètres de diamètre. Il pourrait produire, y lit-on, de l’électricité pour plus de 6000 ménages, composés de quatre personnes.
Les machines seraient implantées près du stand de tir, le long de la route qui conduit d’Essertines-sur-Rolle à Burtigny. Deux sont prévues en forêt. Certaines études sont encore en cours mais «les résultats obtenus jusqu’à aujourd’hui sont tous positifs», assure la société.
«Nous attendons un retour sur l’impact du projet sur les eaux souterraines et, par ailleurs, en parallèle, nous devrons assainir les buttes de tir du stand», explique le syndic Samuel Dufour, également membre d'EssairVent. Et le chef de l’exécutif de réitérer la volonté, affirmée dès le début du projet, de soumettre l’objet au vote de la population. Dans la planification actuelle, les Essertinois ne se prononceront pas avant 2023, après la mise à l’enquête publique. Les porteurs du projet s’attendent à des oppositions.
L’association Pieduvent, active à Bière, a également un volet Essertines-sur-Rolle-Saint-Oyens. «Nous souhaitons aller de l’avant et voir comment la population vote», conclut le syndic. L’organe délibérant a par ailleurs toujours soutenu son exécutif dans son projet éolien. JOL
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